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Rencontre avec les artistes Raffaella Spagna & Andrea Caretto
samedi 12 mars 2011
à Moly-Sabata, Sablons

AleplatreALeplatrePrésentation de la recherche en cours , atelier de Moly-Sabata
ALeplatreALeplatreALeplatreALeplatreGroupe au bord du Rhône – photo ALeplatre

Suite à l’invitation de l’association art3 de Valence et du CAP de la ville de Saint-Fons, le duo de plasticiens turinois Raffaella Spagna et Andrea Caretto investissent ce territoire de la Vallée du Rhône situé entre le sud de l’agglomération lyonnaise et Valence, où alternent paysages ruraux et industriels, îles, lônes et Rhône canalisé. Ils réfléchissent sur les composantes géographiques, botaniques, économiques et humaines de cette aire desservie et façonnée par le fleuve, pour en restituer plastiquement les dynamiques et les questionnements.
Lors de leurs séjours de recherche, les artistes séjournent à mi- distance des deux lieux dans les ateliers de Moly Sabata à Sablons.

Le projet est soutenu par l’Europe FEDER (Région Rhône-Alpes – Plan Rhône), Etat (FNADT – Plan Rhône), Région Rhône-Alpes.
En partenariat avec Moly-Sabata résidences artistiques – Fondation Albert Gleizes, la Maison du Fleuve Rhône (Givors), Fondation de France, Arkema.

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Ecluse Pierre-Bénite; Ile de la Platière – © Raffaella Spagna & Andrea Caretto


Des plasticiens à la croisée de l’art et des sciences

Raffaella Spagna et Andrea Caretto travaillent ensemble depuis 2002. Leur travail prend les formes les plus variées de l’installation, de la performance, du film, des actions ou des dispositifs participatifs. Leurs œuvres interrogent notre relation au vivant et à l’environnement naturel, ainsi que la complexité des processus de transformation naturels et artificiels (cycle organique des matières premières, domestication des paysages et des espèces végétales, etc.).
De leur formation initiale (paysagiste pour Raffaella Spagna et sciences naturelles pour Andrea Caretto), les deux artistes conservent le goût de la collecte, de la classification et de la conservation des éléments naturels dont ils étudient l’évolution à partir d’études de terrain. Leurs œuvres mettent en évidence ou ébranlent les frontières entre l’état naturel et la domestication de nos ressources, en interrogent la valeur symbolique, organique ou économique.
Loin de l’approche globalisante et parfois démiurgique du Land Art par exemple, leurs interventions et réalisations réintroduisent une gestuelle quotidienne dans l’immensité d’un paysage ou dans la complexité du vivant : cueillette, bricolage, artisanat, cultures et techniques de construction ancestrales deviennent des instruments de connaissance à même de restaurer une relation entre macro- et microcosme biologique, de rétablir un flux ou un cycle de croissance interrompu par quelque impératif économique. La forme plastique propose la synthèse visuelle d’un ensemble de constats et de questionnements. Elle n’est plus un aboutissement mais une étape au sein d’un processus de métamorphose, le point de rétablissement d’une connexion, de résurgence d’une histoire parfois occultée de notre relation au vivant.

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Plateforme chimique Péage du Roussillon – © R. Spagna & A. Caretto

Les premières impressions et pistes de réflexion :

Une approche taxinomique :
D’un premier contact prolongé avec le fleuve, les artistes en ont retenu l’extrême domestication et les « blessures » qui s’ensuivent : villes totalement aliénées de leur fleuve (Valence, Saint-Fons), rectitude et grande simplification formelles des aménagements et des divers ouvrages, caractéristiques selon eux d’un rationalisme et d’un positivisme tout français ! Le fleuve leur est ainsi apparu comme un immense couloir de circulation de marchandises, avec l’une des plus grandes concentrations d’usines en Europe, façonnant ça et là des paysages post industriels dignes de la meilleure anticipation. Ils ont noté de nombreux vestiges d’ouvrages témoins des premières tentatives de domestication mais aussi de la force du fleuve : anciennes écluses, observatoires, digues, quais…. Le retour au naturel préconisé depuis 10 ans apparaît alors tout de surface, comme une pellicule artificielle posée sur une structuration préexistante. Cette nature sauvage reste essentiellement mythique, telle que nous l’ont léguée contes et légendes de pirates.

En préambule à tout projet, les artistes ont regroupé tous les documents et photographies qu’ils ont récoltés selon une typologie en huit « macro-sujets » : les flux, la rectification, le rapport d’échelle, la sauvagerie, les solides géométriques, la science-fiction et les fantômes. Cette taxinomie connote bien leur démarche d’une méthodologie scientifique. Mais chaque terme induit aussi toute une arborescence d’associations : par exemple, les flux d’énergie et de matière impliquent autant une force, une érosion qu’un danger ; la rectification évoque la domestication du fleuve, voire la blessure, mais également une modélisation et une rationalité chère aux français ; et enfin, la sauvagerie toute relative du fleuve nous renvoie à ses contraires, l’appropriation et la clôture. Mais, contrairement à une typologie classique, ces « tags clouds » s’avèrent mouvants, se compénètrent.

A partir de ce « programme », c’est un contact quasi physique avec le fleuve qu’ils vont tenter de rétablir tant à Valence qu’à Saint-Fons. Au CAP, c’est la dualité entre une sauvagerie incontrôlable et la rectitude formelle des aménagements que les artistes tenteront de transmettre, une dualité qui s’exprimera à travers une relation inversée du dedans au dehors. A Valence, une succession d’actions dans l’espace urbain ramènera symboliquement le fleuve dans la ville qu’il pénétrait jadis. Sur les deux territoires, ils souhaitent rétablir ce point de vue sur le fleuve qui a disparu.


Des actions de sensibilisation en direction des riverains

Cette résidence permet de mêler en une même démarche de médiation attractive une sensibilisation des publics au processus artistique et à la présence et à l’histoire du fleuve Rhône. C’est ainsi qu’auront lieu, pour les publics des deux villes, des visites de l’atelier des artistes à Moly Sabata en bordure du Rhône (12 mars 2011), des visites d’expositions (juin et septembre 2011), des actions en milieu scolaire, des ateliers de pratique artistique en direction des publics empêchés (action « Et au milieu coule une rivière » avec enfants et parents de Saint-Fons).

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Ile de la Platière nord; caillou, Arkema Saint-Fons – © Raffaella Spagna & Andrea Caretto

+ liens sur nos sites
www.art-3.org

www.saint-fons.fr

www.adele-lyon.fr