Aleschija Seibt

I Set My Foot Upon Air

Exposition 22.09 > 12.11.2021
Ouverture le vendredi 17 septembre en présence de l’artiste

du mercredi au vendredi
de 14:00 à 18:00 et sur rendez-vous

Dans le cadre des échanges d’artistes plasticiens entre la Région Auvergne-Rhône-Alpes et le Land du Bade-Wurtemberg, en partenariat avec l’Institut français de Stuttgart.


 
Vues de l’exposition. Installation, Tissus, dimensions variables. Photos Phoebé Meyer.

Aleschija Seibt (née en 1983) est diplômée de l’Ecole d’arts de Karlsruhe où elle a suivi les enseignements de Toon Verhoef (Meisterschülerin). Dans son travail elle s’attache à réaliser des installations in situ et des performances. Avec des matériaux de construction, cordes, tapis de protection, rideaux, peintures à base de produits naturels, elle modifie des architectures statiques et en change leur perception. Pour son exposition à art3, elle investira l’espace pour un projet conçu pour le lieu.

art3 : Tu as séjourné trois mois l’année dernière en résidence à art3. Comment ton séjour et ta vie quotidienne ont-ils affecté ton travail
en général et l’exposition I Set My Foot Upon Air (J’ai posé mon pieds sur l’air) que tu présentes à art3 ?

Aleschija Seibt : Dans mon travail artistique, je m’intéresse au principe de l’imprévisible. C’est donc une source d’inspiration pour moi de vivre des situations de « non savoir » encore et encore. Ainsi, une résidence dans une ville inconnue dans un pays dont on parle à peine la langue est tout à fait appropriée. Mais cette fois, la situation était caractérisée par plusieurs circonstances incertaines qui m’ont affecté non seulement moi en tant qu’individu, mais aussi chaque personne sur cette planète. Depuis le début de l’année 2020, le Covid 19 a une emprise sur les sociétés. Des informations en constante évolution et des résultats peu clairs ont déterminé nos vies depuis lors. À cela s’ajoute la confrontation avec l’indisponible. Les cafés ouvrent et ferment. La culture peut difficilement être vécue. Ce qui nous était jusqu’alors indispensable n’est soudain plus accessible. C’est une chose que tout le monde doit examiner.
Il est également possible de faire l’expérience de l’incertitude et de l’indisponibilité dans l’art abstrait et dans le principe du retrait. Pour l’exposition à art3, l’idée m’est venue de créer une installation qui confronte les visiteurs à l’incertitude et à l’indisponibilité et les irrite en conséquence. Cependant, je voulais aussi inclure un aspect qui réponde aux besoins du corps humain et offre la possibilité d’un soutien. C’est pourquoi j’ai choisi le textile, que j’aime utiliser comme un élément architectural doux. Les matériaux doux et les textiles sont des liens entre nous et le monde. Nous portons des vêtements ou nous nous blottissons dans des couvertures. L’espace d’exposition blanc et carrelé est prolongé par quelque chose de doux. On pourrait aussi se cacher derrière le tissu, se retirer ou se dissimuler. L’installation contient donc un paradoxe. L’incertitude et l’irritation sont juxtaposées à des aspects doux et sécurisants.

art3 : Avec l’idée de se sentir « plus en sécurité », il y a aussi le besoin de recréer des espaces dans l’espace, comme des cellules. La qualité du tissu joue beaucoup sur les effets attendus.

Aleschija Seibt : Oui, la division de l’espace en zones plus petites est également un élément important. Les enfants construisent souvent des structures caverneuses à partir de chaises et de textiles qu’ils ont trouvés. D’une certaine manière, c’est ce genre d’esprit dans une version abstraite minimaliste. Comme une image rémanente ou un souvenir lointain. Le tissu joue donc un rôle essentiel. Le textile est l’une des premières matières avec lesquelles nous entrons en contact et il nous accompagne en permanence. Lorsque nous sommes bébés, nous sommes enveloppés dans des couvertures et, souvent, les premiers objets que nous aimons sont des textiles. Le pédiatre et psychanalyste Donald Winnicott a par exemple inventé le concept d’ « objets transitionnels », qui sont souvent des pièces de tissu importantes pour les bébés et les jeunes enfants. Cette chose douce devient leur meilleur ami. C’est la première forme que les êtres humains créent et remplissent de sens.
Cependant, en divisant l’espace, nous avons à nouveau un paradoxe. D’une part, nous avons ce concept d’« espace sûr », mais d’autre part, le visiteur est également confronté à une frontière. Cela peut être un défi. Est-on autorisé à passer ? Comment puis-je le gérer ? Quel est le chemin le plus approprié ?

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