Samuel Richardot : Texte de Théodora Domenech

Les peintures de Samuel Richardot s’éloignent au fil des années de l’aspect figuratif de ses premières créations. Les figures reconnaissables telles que des plantes ou des objets, laissent place à des formes « en creux » ou « par défaut ». Le procédé le plus caractéristique de ses dernières toiles est de répandre de la peinture fortement diluée sur une zone bien délimitée (par un système de « pochoir ») d’une toile posée à plat. Cette technique crée un contraste fort entre la disposition aléatoire de la peinture que renforce le processus de séchage et le contour géométrique dans lequel elle s’inscrit. Les éléments nous donnent l’impression d’avoir été découpés dans une autre toile et agencés avec des fragments similaires. D’autres types d’interventions, comme l’utilisation d’une bombe de peinture, causent la même impression. Sans début ni fin, les lignes dessinées à la bombe semblent, elles aussi, prélevées dans une composition préexistante. L’artiste amène le spectateur à retracer le chemin de l’élaboration de l’œuvre, en se représentant les étapes successives dont il ne reste que des « témoins » ou des « échantillons ».

Il est intéressant alors de remarquer la temporalité paradoxale de l’oeuvre. Le temps de séchage d’une peinture diluée est par exemple beaucoup plus long que celui du tracé de peinture créé par la bombe. La succession d’actions opérées sur la toile suppose par ailleurs un enchaînement temporel qui rappelle le flux linéaire de la narration. Les peintures, dans leur état final, font cohabiter ces différentes réalités temporelles en les mettant au même niveau. L’artiste suggère des effets de superposition, mais à y regarder de près, toutes les formes sont peintes directement sur la toile. Les œuvres de Samuel Richardot nous invitent ainsi à confronter nos différentes perceptions du temps : son aspect fragmentaire autant que linéaire, sa nature hétérogène et homogène. Sans être narratives, ses peintures nous ramènent en amont de toute narration aux événements, aux éléments à partir desquels une histoire se constitue, une vie nouvelle prend forme.

Théodora Domenech

Samuel Richardot est né en 1982 à Aurillac. Vit et travaille entre Paris et l’Auvergne.
Il est représenté par la galerie BaliceHertling, Paris
Expositions personnelles (sélection) / Selected solo exhibtions
2012 art 3 Valence
2011 Frac Languedoc-Roussillon, Montpellier, France
2010 Balice Hertling, Paris
2009 La Galerie – Centre d’Art Contemporain, Noisy-Le-Sec, France
2008 Balice Hertling, Paris
Expositions collectives ( sélection) / Selected group exhibitions
2011 Lyon
2009 Present / Future, Artissima Art Fair, Turin, Italy
2008 Le Printemps de Septembre, Toulouse, France
2008 Rendez-vous, Shanghai Art Museum, Shanghai, China
2007 Rendez-vous, Les Subsistances, Lyon, France
2007 Cadrage/Débordement, Exposition des Félicités de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts, ENSBA, Paris
2006 Nicolas Guiet – Samuel Richardot, Lauréats du Prix Novembre à Vitry, Vitry-sur-Seine, France
51ème Salon de Montrouge, Montrouge, France
Collections
FNAC, Centre national des arts plastiques – Ministère de la culture et de la communication, Paris
FRAC Languedoc-Rousillon, Montpellier
Formation / Education
2006 D.N.S.A.P., Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, Paris
Prix / Grants
2007 Prix Nicolas Feuillatte Jeune Espoir
2007 Prix Jean Chevalier
2006 Prix Spécial du Jury, 51ème Salon de Montrouge, Montrouge, France
2006 Prix Novembre à Vitry, Vitry-sur-Seine, France
Bibliographie / Selected bibliographie
2010 Judicaël Lavrador, “Peint sur du vent”, Les Inrockuptibles, No. 780, Novembre
Alice Motard, “Entente cordiale”, Domus, No. 932, January
Lilian Davies, “Samuel Richardot”, Artforum, January
2009 Marianne Lanavère, “Samuel Richardot”, Interview with Benjamin Thorel, Journal de La Galerie – Centre d’Art
Contemporain de Noisy-Le-Sec, September
2008 David Lewis, “Samuel Richardot”, www.artforum.com, March/April