Marie Auvity

Dans son projet Lotta Gold développé en partenariat avec art3, Marie Auvity invente un personnage fictif qui aurait déjà une place dans notre imaginaire : la jeune fille « victime de la mode ». Ce personnage rendu abstrait, « branché » sur l’image, le son, les couleurs du spectacle et de la superficialité, c’est elle, Lotta Gold, cet archétype de la consommatrice entre 16 et 35 ans. Elle est asservie aux cosmétiques, aux romances frelatées, un seul objectif l’habite, celui du désir de plaire.
Cette Lotta est la chanteuse de l’album intitulé Clandestine, pour lequel, Marie Auvity joue avec les gimmicks de la chanson pop comme avec les mots d’une grammaire maîtrisée par tous. Mais l’intrusion du produit marketing culturel vers le champ de l’art contemporain déplace ici la « wall paper music » vers son simulacre. A l’occasion d’un concert, on s’amusera en écoutant les paroles d’une lolita aseptisée et obsédée par la mode, par son apparence, par la plastique des jeunes et jolies filles, accro aux marques, Lotta Gold est elle-même une icône, une gravure de mode, une marque déposée, un support publicitaire. Marie Auvity ne sépare d’ailleurs pas le concert, le show événementiel du reste de son concept marketing. Lotta Gold, c’est aussi et, peut être avant tout, une gamme fictive de produits cosmétiques. Le logo (un L et un G entrelacés dignes des grands couturiers) recouvrent des produits de maquillages avec des capuchons couleur or, qui matérialisent un désir à consommer. L’affiche promotionnelle Feel the Emptiness est le mot d’ordre du discours discret, de l’absence d’épaisseur. L’événement Lotta Gold à Barcelone à Hangar en juin 2003 se présentait comme le lancement d’une nouvelle marque de cosmétiques (packaging, présentoirs, affiches, chèques cadeaux, hôtesses souriantes, rien n’est oublié dans le souci de la conformité au modèle conformiste). Le site internet du produit synthétise tous les arguments de ces produits virtuels semblables aux vrais produits, si ce n’est que leur inutilité est ici révélée et prônée.
L’événement à art3 est une autre manifestation proposée par Lotta. Lotta (ou son clone) vient chanter (en play back), les textes de l’album Clandestine sont le reflet d’un imaginaire conditionné par le message médiatique. Le désir d’un corps parfait ((Désirs synthétiques) ou l’intégration de slogans publicitaires qui s’imposent comme des règles de vie (Just Do It) sont chantés sur des airs calibrés, qui font écho au « revival » actuel pour les années 80. Quand il viendra participer à ce concert, à ce happening aux faux airs de promo, le spectateur sera aussi pris dans le jeu de ses propres désirs programmés, de l’automatisme et du conformisme de ses envies. Ce qui pourrait bien être une expérience inédite et rafraîchissante.